Chapitre 5 du "Film de ma descente aux enfers..."


C'est comme une ambiance de deuil qui règne dans la demeure familiale après la bombe que je viens de lâcher. Ma mère a repris connaissance, mais elle est incapable de sortir un mot de la bouche depuis deux jours. Quant à mon père, il ne daigne même plus me saluer, encore moins m'adresser la parole. C'est très lourd à respirer comme atmosphère, mais je suis à moitié quitte avec ma conscience.

C'est ma grande soeur Anna qui me fait le plus de peine. Elle n'a rien avalé depuis que mes parents lui ont appris la nouvelle. Elle s'enferme à longueur de journée dans la chambre, pleurant toutes les larmes de son corps. Pour la première fois de sa vie, elle a levé la main sur moi. Et je suis consciente d'avoir bien mérité sa gifle. Mais ce que je ne pouvais pas supporter, c'était de la voir dans cet état. Elle souffrait et je souffrais de la voir qui souffrait. C'est la seule personne au monde qui ne m'a jamais rien caché.
Imaginez qu'elle m'a raconté toutes les fois où Yannick a voulu passer à l'acte avec elle et comment à chaque fois elle le repoussait. Anna était un model de vertu. Elle aurait pu entrer au couvent pour devenir nonne si elle n'était pas tombée amoureuse de Yannick.
Elle a été doublement trahie, par les deux personnes qu'elle aimait le plus au monde. Et j'imagine bien que se relever d'un tel choc n'est pas chose aisée. Mais la vie continue et elle méritait de vivre heureuse à l'abri d'hommes comme Yannick...

Nous allions entrer dans la dernière semaine avant le mariage et il était temps pour mes parents de prévenir ceux de Yannick du malencontreux événement qui allait empêcher ce qui devait être le plus beau jour de la vie d'Anna. Mais bizarrement rien. Aucune démarche n'a été entreprise par papa ou maman pour avertir la famille de Yannick. Les préparatifs continuaient bon train et quelques parents étaient même venus du village pour assister à la cérémonie. Je ne comprenais pas ce qui se tramait. Jusqu'à ce que mon père me convoqua à son bureau qui se situait à quelques encablures de notre lycée...
- "Ecoute très bien ce que je vais te dire : Tu vas enlever cette grossesse et faire comme si de rien n'était..."
- Quoi ? Papa tu me demandes d'avorter ?
- Je te demande d'enlever ce péché, cette source de honte pour notre famille, de ton satané ventre...
- Mais je peux pas...
- Tu ne comprends pas. Ce n'est pas une demande, c'est un ordre.
Et il sortit une enveloppe contenant des billets de banques et m'écrit le numéro de téléphone d'un spécialiste des avortements sur un bout de papier.
- Tu l'appelles en mon nom. Je t'ai déjà pris un rendez-vous. Et gare à toi si tu ne suis pas mes ordres.

Je suis sortie du bureau de mon père, les larmes aux yeux et convaincue d'avoir été engendrée par un dictateur sans coeur. Il était hors de question pour moi d'enlever cette grossesse. Même si je savais les terribles répercussions que cette décision pourrait avoir sur ma vie. Cet enfant était certes un accident, mais j'en suis certaine, il a été le fruit d'une très belle passion.
Ma décision était prise. Les trois cent mille Fcfa qui se trouvaient dans l'enveloppe et qui étaient destinés à l'avorteur pouvaient servir à m'entretenir pendant un certain temps pendant ma fugue. Après, je prévoirais une autre solution pour m'entretenir. Mais il était hors de question que je reste dans cette maison où l'on voulait me forcer à mettre un terme ma grossesse.
Quand je suis rentrée chez moi, j'ai trouvé Anna dans le salon. Elle ne s'était toujours pas vraiment remise de la double trahison. Nos regards se sont croisés et elle s'est détournée de moi comme si elle avait vu le diable en personne.
Je suis entrée dans notre chambre, j'ai pris quelques habits et effets de toilette et suis ressortie sans dire au revoir à ma soeur. Ma mère et mes deux tantes étaient toutes sorties pour s'activer dans les préparatifs du mariage qui allait avoir lieu dans trois jours.
J'ai appelé Mami, une camarade de classe, qui vivait seule avec sa tante et lui ai demandé si je pouvais passer quelques jours chez elle. Prétextant que chez moi, il y avait des invités venus pour le mariage et que je leur avais cédé mon lit. Elle accepta après en avoir parlé à sa tante...

A suivre...
Par Autrui