Enfant, je rêvais d'amour éternel. J'ignorais que le temps ne s'arrêtait pas et qu'il dévorait cruellement les plus belles histoires, même les amours d'enfance. Non mais quel monstre, cette horloge qui tourne et brise nos espoirs d'antan.
Mon amour d'enfance s'appelait Fatou Diallo. Nous habitions le même quartier et étions dans la même classe à l'école Notre Dame de Mboro. "Nous avons enfoui, dans les mêmes trous, nos dents de lait, en implorant Fée-Souris de nous les restituer plus belles..." A l'époque, je ne savais pas que dans toute forme de rêve, il y avait une part d'illusion.
Je me souviens de l'emplacement exact de cet endroit où, à l'abri des regards indiscrets, je creusais, sous ta surveillance, avec mes doigts innocents, ce trou de quelques centimètres, pour y enfoncer nos deux molaires que la "dentiste mythologique" devait, plus tard nous rendre plus fortes et plus belles.
Je ne sais pas si la légende a tenu sa promesse en ce qui te concerne, mais pour ce qui s'agit de ma dentition, je me sens dès fois comme privilégié (Je touche du bois).
Aujourd'hui, si je me rappelle de ces instants, c'est que tu me manques beaucoup. Non pas que je suis toujours "amoureux" de toi, mais pour ce que tu représentais réellement pour moi. T'étais plus qu'une copine. T'étais un trophée et j'étais fier de te "brandir" devant les copains. Belle Peule que tu étais, avec ce visage féerique, tu arrivais toujours à éclairer ma très sombre face de Sérère...
J'étais fier de t'avoir à moi, toi que tout le monde voulait enrôler...
Merci pour ces moments de gloire Fatou !
Autrui
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