Douloureuse confidence : Comment je suis tombée amoureuse et enceinte de mon propre frère... (Suite et fin)

D'après ma tante Marthe, ma mère est d'abord allée retrouver mon père à Darou où il vivait. Mais elle ne l'a pas trouvé. Et quand elle a demandé au voisinage, on lui a dit que mon père avait pris tous ses bagages en partant et qu'il pourrait ne plus revenir. Sans doute sur la forte pression de mes grands-parents paternels, mon père a demandé une affectation à son entreprise pour quitter le seul endroit où ma mère pouvait le retrouver. Du coup, elle ne savait plus où elle devait aller avec son bébé dans les bras. Elle est alors venue à Tivaouane où vivait sa grande soeur. Cette dernière sachant très bien que mes grands parents allaient venir la rechercher, trouva une solution en confiant sa petite soeur à une amie qui habitait à la sortie de la ville.
Après, Tante Marthe et ma maman ont tout fait pour retrouver les traces de mon père. En vain. Je grandis ainsi sans l'amour d'un père. Ma mère n'a pas vécu longtemps avec ce chagrin qui consumait son âme. Bannie par ses parents et abandonnée par le seul homme qu'il aimait, son coeur finit par lâcher. Elle tomba malade un après ma venue au monde sans qu'aucun médecin ne puisse réellement déterminer la véritable nature de son mal. Elle a souffert ainsi pendant deux ans avant de mourir entre les bras de ma tante Marthe effondrée. J'ai même appris de la bouche de certains que c'est un mauvais sort qui a été jeté à ma mère par ses propres parents.

Mais ma tante a tout fait pour que je grandisse sans savoir les conditions dans lesquelles maman est morte. Je fis mes études à Tivaouane jusqu'à l'obtention de mon Baccalauréat. Il me fallait alors emprunter le chemin de l'Université Gaston Berger de Saint-Louis où j'ai été orientée. C'est là-bas que j'ai fait la connaissance de Mamadou. Un garçon très sympathique, qui étudiait le Droit comme moi. Mais comme il entamait sa troisième année, j'allais souvent dans sa chambre pour qu'il m'explique les cours. Et de fil en aiguille, notre amitié s'est transformée en une relation amoureuse. Mamadou était très doué en Droit, mais 'était également un très beau garçon qui avait beaucoup de succès auprès des filles du campus. Il m'a même fallu un peu de malice pour me débarrasser de mes rivales. J'avais réussi à le rendre très amoureux de moi. Quand nous n'étions pas en cours, nous étions tout le temps ensemble. Nous assumions parfaitement notre relation dans le campus universitaire. Et les étudiants étaient devenus indifférents à nos embrassades et nos baisers sur les différents chemins qui mènent au resto ou aux amphis. J'étais heureuse et quand je suis rentrée à Tivaouane pour les grandes vacances, j'ai tout dit à ma tante. Que j'avais rencontré un superbe garçon qui habitait le Fouta et qui se nommait Mamadou Ly. J'ai tout de suite vu comment l'expression de son visage a changé quand j'ai prononcé le nom de mon amant et son lieu d'habitation.
- Ma fille qu'est-ce que tu viens de dire ?
- Je dis que j'ai fait la connaissance d'un beau et gentil garçon à l'Université
- Répète son nom
- Il s'appelle Mamadou Ly et il habite le Fouta. qu'est-ce qu'il y a ? Tu le connais ?
- Non, je le connais pas. Mais je t'ai pas envoyé à l'Université pour tomber amoureuse...
Sa voix est devenue grave
- Il t'a dit comme son père s'appelait ?
- Non, je ne lui ai pas demandé. Pourquoi ?
- Pour rien
- Bon de toute manière, il va venir me rendre visite la semaine prochaine. Je lui ai parlé de toi et il veut te rencontrer.
- Hum ! On verra ma fille. On verra bien...

Il était 11 heures du matin quand mon téléphone portable a sonné. C'était Mamadou qui me demandait de venir le prendre à la station service qui se situe à l'entrée de la ville. J'étais très excitée de revoir mon amour après seulement une semaine de séparation. Ma tante était elle sur le qui-vive. Quand nous avons franchi, Mamadou et moi le seul de la porte d'entrée de ma demeure familiale, le sang de tata Marthe n'a fait qu'un tour. Elle a tout de suite su que l'inévitable s'était produit. En fait Mamadou était le portrait craché de son père, de notre père.
- Sans aucun doute, tu es le fils de Thierno Ly toi...
Très surpris par cette affirmation de ma tante, Mamadou me jeta un regard interrogateur. J'étais tout autant surprise.
- En effet, mon père s'appelle bien Thierno Ly. Mais comment vous le savez Madame ?
- Parce que vous lui ressemblez comme deux gouttes d'eau mon garçon...
Et là, les larmes commencèrent à couler sur le visage triste de ma tante Marthe
- Mais tata Marthe qu'est-ce qui se passe ? Dis-moi ?
- Ma fille pardonne-moi ?
- Te pardonner ? Mais pourquoi tata Marthe ?
- Je croyais que le sort nous avait laissés tranquille après la disparition de ta mère. Mais il n'en est rien.
Elle parlait en sanglotant.
- Tata Marthe, je ne comprends rien à ce que tu dis
- Et il te sera plus difficile de te faire comprendre que ce garçon dont tu es tombée amoureuse est ton propre frère.
- Mon frère ? Mais qu'est-ce que tu racontes.
- Tout est de ma faute, ma fille. J'aurais pu te raconter ta propre histoire, celle que ta naissance a engendrée et comment ta mère est morte...

Mamadou était bouche-bée et moi, j'avais toujours du mal à comprendre ce que ma tante voulait dire. Et c'est là qu'elle nous a raconté, mon désormais frère et moi, toute l'histoire du début à la fin sans omettre la fuite de responsabilité de mon père et les horribles souffrances qui ont précédé la mort de ma mère.

Mamadou est sorti de la maison en courant, les larmes aux yeux. J'ai voulu courir pour le rattraper, mais mes jambes étaient paralysées. Je me suis enfermée dans ma chambre et j'ai avalé tout ce qui s'y trouvait comme médicaments. Je ne voulais plus vivre. Mes cousins ont dû forcer la serrure pour trouver étendue et inerte sur le lit. J'ai été transportée en urgence au district de santé le plus proche et par la suite évacuée à l'hôpital Saint-Jean de Dieu de Thiès.

Quand je me suis réveillée du coma, c'est le visage abattu de ma tante que j'ai vu. Elle était là à mon chevet comme elle l'a été pendant trois bonnes années auprès de sa soeur, ma mère. C'est elle qui m'a appris que j'étais enceinte de sept semaines et que ma grossesse a été interrompue par ma tentative de suicide. Elle m'a dit qu'une bonne croyante ne met jamais un terme à sa vie tout simplement parce qu'elle a mal. Que les épreuves sont conçues par le Seigneur pour éprouver justement notre foi. Elle a ensuite dit qu'elle avait une surprise pour moi. Elle est sortie et est revenue une minute plus tard avec Mamadou, mon frère. Il a pleuré, m'a pris dans ses bras et promis de ne plus jamais m'abandonné avant de me supplier de recevoir notre père. Je lui ai répondu que je n'étais pas encore prête à le voir.
Peut-être qu'un jour viendra où je pourrais lui pardonner tout le mal qu'il nous a fait à moi, à moi frère et surtout à ma mère...

Par Autrui