Triste confidence d'un homme : "Aidez-moi, je couche avec les morts et ma femme a..."


La pulsion est définie comme une force psychique créant des besoins devant être assouvis. Chaque être humain est sujet à la manifestation de cette force. Et elle peut nous pousser souvent à la pire des bassesses si, en nous, ne se sommeillent pas les prédispositions psychologiques ou spirituelles à même de la combattre. 
Je m'appelle Gora, j'ai 41 ans, je suis marié et père de deux enfants. Je serais l'homme le plus heureux au monde si je n'étais pas gouverné par cette sale pulsion qui me pousse à coucher avec les morts.
Je suis nécrophile depuis que j'ai 25 ans. Je ne sais toujours pas pourquoi je suis sexuellement attiré par les morts, mais la réponse se trouve peut-être dans mon penchant pour l'isolement et la solitude durant ma jeunesse. J'étais très brillant à l'école. De la primaire au lycée en passant par le collège, j'étais la fierté de tous mes enseignants et professeurs. J'étais l'élève parfait. Toujours premier de sa classe avec des notes qui forçaient même la stupéfaction. Mais je n'avais pas d'amis. J'étais toujours dans un coin de la classe, en train de bouquiner, pendant que mes camarades échangeaient durant les pauses entre deux cours. Dès fois, quelques filles tentaient d'entrer en contact avec moi, mais je les repoussais si brutalement qu'elles finissaient par toutes me haïr. Quant aux garçons, ils me prenaient pour quelqu'un d'égocentrique et de hautain. Ce qui animait la vie des jeunes de mon âge (les filles, les boîtes de nuit, la cigarette...) ne m'intéressait pas du tout. A mes heures perdues, je préférais aller à la plage et nager pendant des heures. Je ne pourrai pas vous décrire le sentiment de bien-être que j'éprouvais au contact des vagues. Dès fois, elles étaient sauvages et brutales, mais je savais dompter leur force et leurs caprices. Je pouvais passer tout un après-midi dans l'eau de mer. Le temps n'existait plus quand je communiais avec l'océan.


C'est en classe de Première que j'ai décroché mon Baccalauréat en série littéraire, avec la mention Bien, pour vous dire combien j'étais doué. L'année suivante, j'ai obtenu une bourse pour aller étudier le Droit en France. Et dans ce pays, la liberté a pris un autre sens. Le matin, en sortant de ma chambre, je n'étais pas contraint de donner la main à qui ce soit, ni même de dire bonjour au premier passant que je croisais sur le chemin de l'Université. Là-bas, les gens comme moi étaient à l'aise dans leur costume de cavalier solitaire. Pas besoin de se faire des amis pour réussir son cursus universitaire. A part les groupes constitués par les différents professeurs pour travailler sur des sujets à exposer, chaque étudiant était responsable de ses résultats. D'ailleurs, ces derniers étaient le cadet de mes soucis. Mon niveau intellectuel, un peu au-dessus de la norme, me permettait même de sécher quelques cours, pour me retrouver en toute intimité avec mes seules véritables amies, vagues. Celles-ci étaient quand même plus froides que celles de ma ville natale. Mais leur langage était le même et je n'ai pas tardé à jouir de cette nouvelle communion entre la fraîcheur des eaux occidentales et ce besoin inextinguible de mon corps que je n'arrivais toujours pas à définir.
Je suis rentré au Sénégal cinq ans plus tard avec mon DEA en droit des affaires. Ce n'était pas par manque d'opportunités professionnelles au pays de Marianne, ni par un désir fou de retourner chez moi. Mais parce qu'après la mort de mon père, il fallait que je rentre au pays pour m'occuper de ma mère et de mes deux petites soeurs.


J'avais 24 ans et personne n'avait pu jusque-là me compter la plus petite relation amoureuse. Les filles, c'était vraiment pas mon truc. Et Dieu sait combien m'ont couru après depuis mon retour au Sénégal, après mes études en France. Je n'eus aucun mal à trouver un bon poste dans une grande entreprise de la capitale sénégalaise. Un jeune cadre véhiculé et célibataire est une cible parfaite pour la gent féminine. Raison pour laquelle ma mère ne tarda pas à me trouver une femme. Je n'ai jamais su dire non à ma mère. J'ai donc épousé une de mes cousines, Asta, qui venait juste d'avoir le Bac. Elle était assez belle et très charmante pour titiller mon désir pour les femmes. Je ne sais pas comment ma mère l'a choisie et pourquoi, mais il y avait une parfaite alchimie entre Asta et moi. Elle comprenait bien son homme. Quand elle ouvrait la bouche, c'était pour dire une chose sensée, sinon, elle préférait se taire ou s'occuper des travaux ménagers. Je pouvais rester des jours, voire des semaines sans la toucher, sans la désirer. Mais elle ne laissait jamais rien transparaître dans l'atmosphère familiale.

Quand nous avons eu notre deuxième enfant après six ans de mariage, elle s'est inscrite à un Master dans une Université privée. De ce fait, elle ne passait plus beaucoup de temps à la maison. On ne se voyait que le soir et le petit matin quand elle se levait pour me faire du café avant que je n'aille au boulot.

La première fois que j'ai découvert mon penchant pour les êtres inertes et sans vies, c'est quand un de mes collègues a perdu son épouse. Je l'ai emmené à l'hôpital pour voir si cette dernière allait mieux et c'est devant la porte de la chambre que le docteur nous a intercepté pour nous dire la mauvaise nouvelle. Mon collègue était inconsolable. Je l'ai tiré de l'hôpital pour l'emmener chez lui après lui avoir promis de m'occuper de tous les détails pour récupérer le corps.

Quand je suis retourné à l'hôpital pour identifier le corps, on m'a laissé seul avec cette femme sans vie. Mon sang n'a fait qu'un tour et j'ai senti se développer en moi une sensation très bizarre. Quand j'ai soulevé le drap blanc qui recouvrait le cadavre, la chaleur de mon corps était incontrôlable. J'ai baissé mon pantalon et assouvi mon ignoble besoin... Après, je n'avais qu'une seule envie, c'est de me tuer. Je suis entré dans les toilettes de l'hôpital où j'ai vomi pendant des minutes. Ensuite, j'errais comme un fou perdu en costume dans les couloirs.
A l'enterrement, je n'avais pas le courage de regarder mon collègue dans les yeux ni de le tapoter à l'épaule pour le consoler. J'étais très mal.
Après cette première fois, l'envie a resurgi et je trouvais toujours un moyen de pénétrer dans les morgues des hôpitaux pour rassasier cet insatiable et morbide penchant. Aujourd'hui, j'en suis arrivé à un point où je ne touche même plus à ma femme. Je ne pouvais plus continuer à lui cacher la vérité sur mon comportement irresponsable de mari. Je lui ai donc tout raconté sachant qu'elle n'allait jamais me vilipender dans la rue. Après avoir pleuré des jours et des jours, elle m'a recommandé d'aller chercher de l'aide et de s'éloigner d'elle et de nos enfants pendant le moment que je me ferais soigner. Elle m'a promis de ne rien dire à ma mère ni à ses parents. En bonne épouse, elle a endossé les critiques de ceux et celles qui ne savaient rien de ce qui se passait et le courroux de ses parents qui ne comprenaient pas qu'elle puisse rompre les liens avec moi. Asta a tout pris sur elle pour me permettre de me soigner. Mais je ne sais toujours pas comment me tirer des griffes maléfiques de cette "force psychique" qui crée en moi des besoins immondes à assouvir... Aidez moi Svp !

Par Autrui

(Crédit photo : lafriche.org)