A Cheikh "Mickey" : L'histoire d'un garçon que la vie n'a pas épargné


A l'époque, nous étions tous animés par le désir de trouver notre voie pour affirmer une sorte d'indépendance qui, nous ne le savions pas encore, allait nous mener vers un destin loin du tranquille. Mais nous étions jeunes et prêts à tout affronter : familles, parents, voisins, amis, proches... Une seule chose comptait à nos yeux : ce nouveau chemin que nous venions de découvrir. Et toute personne (père, mère, compagnons...) qui voulait se mettre en travers de notre nouvelle voie spirituelle devenait systématiquement notre ennemi.

 Nous n'avions pas encore bien appréhendé le message du Guide. Et deux voiles subtils couvraient notre vision du monde qui nous entourait : nous étions jeunes (entre 17 et 22 ans) et nous en étions qu'au tout début d'une initiation spirituelle qui peut prendre toute une vie, tant le savoir à emmagasiner est incommensurable.

 Certains d'entre nous avaient définitivement tourné le dos à leur vie antérieure pour se consacrer exclusivement au Guide. D'autres alliaient tant bien que mal les deux. Mais il y a un troisième lot pour qui, ce n'était qu'un mouvement, une crise de jeunesse. Cheikh ne faisait pas partie de ce dernier lot. Il a été là au début, au moment de l'envol. Il a vécu les durs moments de la stigmatisation dans une ville où l'on nous prenait pour de jeunes fous sans ambitions dans la vie. Et bien des années plus tard, après notre affirmation comme entité spirituelle avec des valeurs affirmées, Cheikh était toujours dans le wagon.

Seulement, il est de ces personnes qui ne connaissent jamais la tranquillité d'âme ici-bas. Cheikh faisait partie de celles-là. Son indépendance, il l'a clamée très tôt, abandonnant les bancs du collège, après un brillant passage à l'école Notre Dame, pour partir à la quête d'une autonomie financière. Défavorisé par un environnement familial instable, Cheikh s'engageait, sans en prendre vraiment conscience, dans un monde capitaliste sans pitié. En bon disciple, l'on mettra tous ses déboires sur le compte de la "Tarbiya (Education spirituelle de l'âme)". La vie ne l'a jamais épargné. Il luttait, tombait, se relevait plus fort, rechutait... Mais nous retiendrons de lui qu'il n'a jamais abandonné.

 Et nous, qu'avons-nous fait pour le soutenir face à ce redoutable adversaire. Rien à part se permettre même quelques critiques négatives sur certaines de ses entreprises. Nous avons tous (moi le premier) démissionné à un moment en l'abandonnant seul, au milieu de ce monde cruel, croyant que nous pouvions juger ses actes. Qu'importe ce qu'il faisait et ce qui l'arrivait par moment, notre devoir était d'être à ses côtés jusqu'à la fin.

 Si mes larmes ont coulé en écrivant ces quelques lignes pour un ami, frère et condisciple, que je ne reverrai sans doute jamais ici-bas, c'est que je me suis rendu compte combien j'étais moi-même coupable de n'avoir rien fait pour le soutenir. Tu m'as toujours témoigné respect et admiration. Pardon Cheikh, de n'avoir jamais pu te rendre la pareille. Je vais publier ce texte dans mon blog en souvenir de ces moments que nous avons vécus ensemble et également pour que l'oubli, second linceul des morts ne t'enveloppe jamais... Repose en paix mon frère

 Autrui