Chapitre 3 du "Film de ma descente aux enfers..."


La météo a annoncé des bouffées de chaleurs extraordinaires pour la journée d'aujourd'hui. Et le soleil est apparu sous une posture très menaçante ce matin. On aurait dit qu'il est descendu de quelques kilomètres pour se rapprocher davantage de nos têtes, si sensibles et si fragiles. Je suis à l'ombre d'une classe ardoisée et pourtant je dégouline de sueur, comme la plupart de mes camarades. C'est décidément pas un jour pour parler Mathématiques. D'ailleurs, le Prof a du mal à capter l'attention des élèves.
Dans un coin, au fond de la classe, je suis perdue dans les souvenirs de mes moments passés avec Yannick, la veille. Je ressasse les minutes de plaisirs vécues et mon corps frissonne pendant que certains détails du film resurgissent devant moi. Une chaleur dont la source n'a rien à voir avec la température ambiante s'empare de mes sens. Il me faut nécessairement revoir l'homme qui m'a emmené au septième ciel, la première fois. Je tire discrètement mon téléphone portable de mon sac, l'allume, me connecte et vérifie rapidement les personnes qui sont en ligne sur ma messagerie Facebook. Et je ne peux pas vous décrire ma joie et mon excitation quand j'ai aperçu "Freeman6" (le pseudo  qu'utilise Yannick sur son autre compte Facebook) en ligne.

-"Slt bô gosse esk je p passè te vwr", écris-je. "Là, tout de suite ?", répondit-il
-"Bah wéh !"
-"Donne-moi 5 minutes. Je vais voir si l'appart d'hier est dispo"
-"Oki"
"Freeman6" ne tarda pas à réagir. Sept minutes plus tard, il m'envoya un message de confirmation. Il ne restait plus qu'à trouver une excuse pour quitter le cours de Maths. J'inventa un mal de tête et obtint l'avale du Prof pour rentrer. Il n'était même pas 9 heures.
Nous avions donc toute la matinée pour assouvir nos désirs physiques, Yannick et moi. Je fus plus libérée que la veille et la séance de plaisir dura plus longtemps. En moins de trois heures, nous fîmes l'amour trois fois.
Cette fois, j'étais plus détendue et plus sereine au moment de rentrer chez moi. J'avais pris le temps de me refaire une petite toilette avant de quitter le nid d'amour. Anna ne se doutera absolument de rien...

Les jours passaient et je ressentais de plus en plus le besoin d'être avec Yannick. Il était beau, craquant, élégant, avec un corps athlétique et tout ce que vous voulez, mais je ne pense pas avoir été amoureuse de lui. Tout ce qui m'intéressait chez cet homme, c'était son talent à me faire jouir comme personne ne l'a jamais fait. Il était certes le premier homme dans ma vie, mais je n'en désirais point un autre. Ses talents au lit me suffisaient amplement et je doutais déjà de pouvoir en rencontrer un de tel qui puisse autant satisfaire mes caprices sensoriels.

Mais vous savez tous qu'on ne peut pas avoir tout le temps ce que l'on veut. D'où la nécessité pour chaque individu qui vit sur terre de profiter à fond du bonheur qui se présente à lui. Faites comme Corneille (le chanteur rwandais), vivez chaque jour comme si c'était le dernier. Parce que tout peut s'écrouler autour de vous en un rien de temps.
Un après-midi, alors que je revenais de l'école, j'ai trouvé mon père et ma mère en réunion avec d'autres personnes plus ou moins âgées. Quand j'ai pénétré dans notre chambre pour déposer mes bagages, j'ai trouvé Anna plus excitée que d'habitude. Elle s'est précipitée sur moi pour m'enlacer avant de m'apprendre que les parents de Yannick étaient venus pour demander sa main.
C'était ma soeur, ma confidente et ma meilleure amie. Alors naturellement, je ne pouvais qu'être contente pour elle. N'empêche que je me suis sentie un peu trahie. Même si aucun engagement sentimental n'était à la base de ma relation avec Yannick, c'était comme s'il m'avait planté un couteau dans le dos. Mais ce petit chagrin n'était rien comparé à ce qui m'attendait...
Il fallait, dans les jours suivants, aider Anna dans les préparatifs de son mariage avec Yannick. Cet homme qu'elle aime tant et pour qui elle s'est gardée chaste toute sa vie de jeune fille. Cet homme qui couchait avec sa petite soeur à son insu, le matin, et venait le soir, lui faire une bise avant qu'elle n'aille au lit.

Anna était comme une seconde maman pour moi. Toute mon enfance, elle n'a cessé de me couver, de me protéger. Notre seul frère Marc a quitté ce bas-monde bien avant que je ne vienne au monde. Et souvent, en revisitant l'album de la famille, ma soeur ne manquait jamais de verser des larmes quand les photos de Marc apparaissaient. Je ne l'ai jamais connu, mais il nous a manqués à toutes les deux. Quand on n'a pas de frère à ses côtés, on a souvent du mal à percer la véritable nature des hommes. Marc aurait pu nous protéger ou nous avertir du danger que représentent les hommes comme Yannick...

Avais-je le droit de laisser la personne que j'aime le plus au monde se lier avec un homme sans morale et qui ne la respecterait plus une fois l'avoir découverte ? Mais devais-je aussi révéler mon histoire avec Yannick et gâcher le plus beau jour de sa vie ? Mon dilemme était entier. Mais il fallait agir et vite, parce que le mariage entre Anna et Yannick était prévu en fin novembre et nous n'étions plus qu'à deux semaines du grand jour...

A suivre...

Par Autrui